Press Release # 12

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Geneva, January 11, 2001

Des start-up entre enfer et purgatoire

Avec la chute des valeurs technologiques, les "nouvelles pousses" auront de plus en plus de mal à trouver des capitaux. Les investisseurs opèrent un tri sévère.

"C'était comme dans une loterie, tout le monde voulait devenir millionnaire, lance cet ancien employé d'un site Internet aux Etats-Unis. Quand j'allais dans une soirée, on me regardait comme si j'avais 30 milliards de dollars dans mes poches." Aujourd'hui, le rêve s'est effondré avec l'éclatement de la bulle spéculative. Les Bourses des valeurs technologiques ont lourdement chuté après avoir atteint des hauteurs stratosphériques en mars 2000: le Nasdaq américain de 5048 points à 2407, le Neuer Markt allemand de 8522 à 2370 et le Nouveau marché helvétique de 2423 à 1240.

Alors que les nouvelles sociétés actives dans les domaines biotech et médical résistent, tout ce qui touche à la Net-économie dégringole. En Suisse, les dégâts boursiers sont cependant relativement faibles. Car le SNMI, l'indice des high-tech, qui n'existe que depuis l'été 1999, ne compte que dix-sept sociétés dont quelques-unes seulement touchent à l'Internet. Mais, là aussi, celles qui ont profité de l'aubaine pour chercher des capitaux n'ont toutefois pas résisté à la tempête: Think Tools et Day Interactive ont lourdement plongé, de même que Miracle et Complet-e Holding qui, elles, ont frôlé la faillite. Après avoir grimpé respectivement à 1190 et 449 francs, les actions de ces sociétés ne valent plus que 41 et 25 francs. Actuellement, à l'exception de Day Interactive, ces quatre entreprises s'échangent à un niveau inférieur à leur prix d'émission.

Pour tenter tout de même de prendre le pouls de ces "jeunes pousses", "L'Hebdo" a repris contact avec les huit sociétés dont il avait brossé le portrait dans un dossier consacré à la nouvelle économie en avril 2000. Huit mois plus tard, leur situation semble satisfaisante. Sauf pour deux entreprises.

"La chute des marchés financiers n'a eu aucun impact sur nous", constate Alan Tawil-Kummerman, président de Fotowire, une entreprise qui développe un logiciel pour la commande via Internet de tirages sur papier de photos numériques. Et d'ajouter: "Nous sommes même en négociation pour une nouvelle ronde de financement." Pour Inmotion, qui a mis au point un logiciel permettant de superposer en temps réel les images de deux sportifs, elle a même des conséquences positives. "La concurrence est moins forte qu'auparavant", relève son directeur Jean-Marie Ayer. Il observe également que "la deuxième vague d'investisseurs qui s'intéressent à l'Internet ont des "murs en briques". Leur part dans les investissements est désormais supérieure aux sociétés de capital-risque et aux business angels."

En revanche, le patron de Lifemetrics, qui rêve de créer un portail wap pour le monde médical, est moins optimiste. "Notre trésorerie est à sec. Notre situation devrait s'améliorer dans six mois. Il nous faudra donc tenir pendant ce temps. Pour quelques centaines de milliers de francs, nous risquons de disparaître", indique avec amertume Richard Mercille. En évoquant l'avenir, il met le doigt sur les dangers qui guettent les start-up. "En se montrant trop prudente dans le financement de ces dernières, la Suisse risque d'hypothéquer les outils technologiques de demain".

Une chose est déjà sûre: les conditions de financement se durcissent. Avoir de bonnes idées et présenter un business plan génial ne suffisent plus pour convaincre. Les sociétés de capital-risque commencent à opérer une sélection impitoyable. Beaucoup de nouvelles sociétés devront ainsi renoncer à entrer en Bourse. "Vous ne pouvez pas brûler certaines étapes dans la croissance d'une entreprise. Par exemple, passer de zéro à une centaine de collaborateurs du jour au lendemain et entrer sur des marchés internationaux avec des documents imprimés jusque-là sur une photocopieuse couleur", insiste Hans Ziegler, le nouveau président du conseil d'administration de Complet-e Holding.

"Le marché est plutôt dans une phase de consolidation. Auparavant, on recherchait des fonds. Aujourd'hui, on a plutôt tendance à aider les start-up déjà établies à se refinancer, à faire des acquisitions ou à fusionner", indique Marin le Corre, fondateur de Nascendo, un incubateur de sociétés de l'Internet qui aide les "jeunes pousses" à grandir en contrepartie d'une prise de participation avec l'objectif avoué de réaliser un gain important lors d'une éventuelle entrée en Bourse de ses protégés.

Cette crise permettra donc de trier le bon grain de l'ivraie et aux théoriciens de la nouvelle économie de revoir leur copie. "Il n'y a qu'une seule économie, ni nouvelle, ni ancienne. Comment diriger une entreprise, combien dépenser en fonction de quels revenus: ce sont des règles anciennes qui seront valables dans un siècle. Quand je dis ça à de jeunes entrepreneurs qui rêvent d'entrer en Bourse, je passe pour un rabat-joie", raconte Hans Ziegler. Cet "oubli" coûte cher.

"D'autant que les marchés financiers sont dangereux, renchérit Olivier Tavel. Ils surévaluent et sous-évaluent des secteurs entiers. D'abord, ils investissent dans tout et n'importe quoi. Ensuite, ils réalisent qu'on leur raconte des salades. Conséquence: les petits actionnaires passent à la caisse et les bonnes entreprises ne trouvent plus de financement parce que leur secteur n'est plus en vogue."

Par : Michel Beuret, Frédéric Blassel, Jean-Philippe Buchs,Pierre Nebel, Chantal Thévenoz le 11 janvier 2001

 

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Nascendo
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